Aéronautique : vers un alignement des planètes ?
Dans le contexte de marché chahuté que nous connaissons depuis plusieurs mois, un secteur semble tirer son épingle du jeu : l’aéronautique européenne. En effet, plusieurs facteurs le soutiennent actuellement : un redressement du trafic aérien partout dans le monde, une grande faiblesse de l’euro face au dollar (rappelons qu’une partie des coûts des avionneurs reste en euros et que les revenus sont très majoritairement en dollars), ainsi qu’une relance des budgets militaires en raison de la situation ukrainienne.
La demande mondiale est-elle solide ?
Airbus vient de légèrement relever ses prévisions de besoins de nouveaux avions passagers et cargos d’ici 2041, à près de 40 000 appareils, contre plus de 43 000 estimés par son grand rival Boeing. Cela entraînera un doublement de la flotte mondiale en vingt ans. De manière contre-intuitive, la hausse du prix du carburant ainsi que la recherche de réduction des émissions de CO2 vont stimuler la demande d’appareils neufs. Les compagnies aériennes se tournent effectivement vers des appareils plus modernes et moins énergivores.
Elles font par ailleurs face à un rebond spectaculaire de la demande, avec un niveau du trafic aérien mondial déjà revenu à 70 % de son niveau pré-Covid.
Quel impact de la baisse de l’euro ?
S’il est une industrie qui profite significativement de la baisse de l’euro, c’est bien l’aéronautique. En effet, par convention, les prix de vente des avions sont majoritairement négociés en dollars américains. Il est vrai que ce secteur est actuellement contrôlé par le duopole Boeing-Airbus. La nouvelle concurrence, portée par le chinois Comac, aura encore besoin de nombreuses années avant de potentiellement proposer ses avions à l’international. Concernant l’euro, sa faiblesse est un avantage certain pour Airbus, qui devient plus compétitif. Ceci est également vrai pour toute sa chaîne de sous-traitants européens. Il convient toutefois de noter qu’une partie significative du risque de change est couverte chez Airbus, et qu’il faudra donc attendre plusieurs années pour voir l’effet plein de la baisse de l’euro sur le compte de résultat de l’avionneur. À fin 2021, la société avait par exemple couvert 88 Mds $ à un taux moyen de 1,25 $. Néanmoins, pour les appels d’offres à venir, l’avantage d’Airbus est certain !
Quid des budgets militaires ?
Il faut également garder en tête le fait que l’aviation civile est souvent liée aux budgets militaires. En effet, l’innovation étant très coûteuse dans ce secteur, elle est souvent initialement financée par des programmes militaires. Une fois la technologie maîtrisée et stabilisée, elle est ensuite utilisée en aviation civile. Les États-Unis ont bien compris ce point, avec des budgets militaires (trop ?) conséquents qui nourrissent la recherche aéronautique. Mais que penser de la capitalisation boursière de Lockheed Martin, constructeur du F-35 américain, désormais supérieure à celle de Boeing ? Ce déséquilibre est bien moins présent en Europe, les dépenses militaires étant plus modestes. Thales et Dassault Aviation, pour ne citer qu’eux, ont une capitalisation boursière bien inférieure à celle d’Airbus.
Néanmoins, la menace géopolitique liée à la guerre en Ukraine devrait enfin redynamiser les dépenses militaires européennes.
Nos valeurs préférées du secteur :
Dans ce contexte, les valeurs suivantes nous semblent être les mieux placées pour bénéficier de cet « alignement des planètes » :